ARGENTINE : 8 jours INOUBLIABLES sur les pistes du Puna.
- Sophie
- 17 mai 2019
- 11 min de lecture

Note de la rédaction : ce post est long mais parcourez au moins les photos, promis ça en vaut la peine !
Nous quittons le Chili et entamons notre dernier mois sur les terres Argentines. Après un passage de frontière épique, nous nous octroyons deux jours de repos à Fiambala avant d’attaquer 1 semaine de pistes.

L’occasion pour nous de retrouver avec bonheur les petits villages Argentins typiques où les grands supermarchés Chiliens font place au petits marchés locaux et aux minuscules boutiques où légumes et conserves s’entassent sur les étals. Nous retrouvons aussi le calme des ruelles poussiéreuses et l’agitation des places centrales où grouillent les habitants en fin de journée.
Nous profitons du confort (sommaire) d’un petit camping local pour refaire le plein d’énergie, laver nos habits, faire un petit ménage, laver la voiture, contrôler la mécanique et préparer notre plan d’attaque pour affronter les pistes tant attendues conseillées par nos amis Allemand.
Et quoi de mieux qu’un savoureux Welsh fait maison par maman Sophie pour tous nous remettre d’aplomb !
C’est avec 2 vans et 6 aventuriers à bord que nous reprenons la route 2 jours plus tard.
En général, les voyageurs remontent vers Salta en passant par la magnifique route qui relie Cafayate à Cachi. Mais dans notre cas, nous avons fait le pari de trouver encore plus beau sur une route peu explorée par les touristes dans la région du Puna.
Nous prenons donc la direction de Belen puis Huaffin, dernière ville avant les pistes et la nature à l’état pur !

Nous faisons une petite escale aux termes de Fiambala pour nous prélasser une dernière fois dans d’immenses bassins naturels d’eaux chaudes puis en profitons pour faire notre traditionnel plein (nourriture, essence, eau, linge propre) et passons notre dernière nuit près de la civilisation, au bord d’une route.
Le 22 Mars, le défi est lancé, nous attaquons nos premiers kilomètres dans la région du Puna, sur la RP 43.
J1 : Canyon Day
La première partie se déroule dans un décor de Far West. Canyons et cactus à perte de vue. Nous traversons deux rivières mais le niveau de l’eau est bas donc ça passe nickel !
Quelques bestioles nous accompagnent, mais vu leur taille nous n’avons pas très envie qu’elles soient de la partie !
Nous plantons notre premier bivouac au bord d’un canyon, il y a pire comme décor ! Nous sortons tables et chaises et profitons des derniers rayons pour nous prélasser au soleil.

Ça s’annonce plutôt bien ! Nous sommes à 2500m, une montée en douceur est prévue cette fois :-) !
J2 : Laguna Blanca : le paradis sur terre : 3208m
Réveil en douceur pour notre équipe de choc. Le soleil est de la partie. (Avant de partir nous avons surveillé la météo, de la pluie rendrait certains passages trop difficiles… heureusement le soleil affiche complet pour la semaine !).
En route nous sommes stoppés par une compétition de vélo et suivons la file des voitures balais pendant quelques kilomètres avant de dépasser les sportifs à grands coups de klaxon et d’encouragements ! Le passage du col à 3800m leur demande des efforts soutenus méritant amplement d’être applaudis !
Arrivés en haut… surprise ! Devant nous se dresse un décor majestueux : des dunes de sables engloutissent les montagnes et transforment le paysage !
Les photographes sont de sortie !
Après pas mal de kilomètres au milieu des steppes et des montagnes où les couleurs changent à chaque virage, nous arrivons à notre point de ralliement pour le déjeuner : la Laguna Blanca.
En réalité l’endroit est tellement paradisiaque que nous allons nous y installer pour le reste de la journée. Petit coup dur pour moi, j’avais un rendez-vous téléphonique avec ma famille auquel je tenais beaucoup. Ils sont tous réunis pour l’anniversaire de ma maman. Quand on est loin, ce genre de moment compte énormément. Et forcément, au paradis il n’y a pas de réseau… mais bon je ne vais pas me plaindre, le décor est somptueux !
Imaginez un lac turquoise, des montagnes enneigées, des flamands roses qui se prélassent,
des lamas qui paressent sur une herbe d’un vert éclatant, une petite rivière d’eau douce souterraine qui émerge à nos pieds… et un calme !
Seuls quelques petites puces viennent entacher le décor et nous dévorent la peau. Heureusement l’huile de coco des Lions avec laquelle nous nous enduisons le corps nous soulage et nous protège pour la fin de la journée !

Dans l’après-midi, un vent fort se lève, nous obligeant à tout ranger. Mais il y en a un qui est aux anges, Pierre sort sa voile et se lance dans une session de kite surf sur la lagune au milieu des flamands roses ! A 3200m il fallait oser mais ça passe nickel !
Le soir, le vent se calme comme par magie, nous dévoilant un ciel étoilé magnifique ! Nous lançons le barbecue et passons la soirée à philosopher au coin du feu sous les étoiles.
J3 : Laguna Carachi : Nous avons dormi sur la lave : 3026m

Ce matin nous avons mis un réveil ! Bien qu’en dormant dehors les grasses matinées soient rares, il nous faut pas mal de temps pour tout ranger et nous décollons rarement avant 11h. Hors aujourd’hui nous avons pas mal de route donc il ne faut pas trainer ! Nous démarrons nos moteurs à 10h pétantes !
Comme la veille nous multiplions les arrêts photos tant le paysage est incroyable ! Le premier stop est prévu au Campos de Piedra Pomez. Mais pour y accéder, il faut prendre une piste bien abimée où le sable rend notre progression plus compliquée. A deux reprises le van des Lions s’enlise et nous sortons les sangles pour les désensabler (Je soupçonne un peu les garçons d’y trouver un certain plaisir !). Leur van est plus haut et plus lourd (4 Tonnes) que le nôtre ce qui rend leur avancée plus compliquée.
A certains endroits, nous hésitons à continuer tant le risque de rester bloquer est grand. Mais c’est l’avantage d’être à deux voitures, rien ne nous effraye et on tente le tout pour le tout ! Et ça passe !
Devant nous se dresse un champ immense de rochers taillés mystérieusement, on dirait une ville enfouie c’est époustouflant ! Pierre reste avec Tom et Léo et nous embarquons Sophie pour aller voir ça de plus près.
En effet, dans cette étendue de sable, ce sont des milliers de rochers qui jaillissent formant un immense labyrinthe. Le coin n’étant pas du tout touristique, nous ne trouverons aucune explication à ce phénomène bluffant, mais nous sommes ravis d’être venus jusque là !

Et nous ne sommes pas au bout de nos surprises, nous faisons demi-tour en esquivant au mieux les passages ensablés et après de longues heures d’off road très techniques, nous voyons se dessiner l’ombre majestueuse du volcan surplombant la Laguna Carachi.
Ses coulées de laves noires recouvrent le sol et transforme le paysage en quelque chose d’apocalyptique ! Nous avons prévu de dormir au bord de la lagune, mais pour y parvenir nous devons traverser ce champ de lave séchée.

Dernière épreuve pour nos pilotes épuisés ! On sert un peu les fesses pour que personne ne déchire un pneu mais encore une fois tout se passe bien. Nous atteignons la lagune sans encombre.
Nous posons notre bivouac à l’abri des arbres, et avons tout juste le temps de diner avant que le vent ne se lève et nous rapatrie chacun dans nos maisons roulantes respectives. Nous ne profiterons pas trop du paysage pour la soirée mais le spectacle à notre réveil est époustouflant.
La lagune est d’un violet éclatant, le soleil pointe le bout de son nez sur les montagnes et volcans au loin, les flamands roses sont de sortie et les alpagas nous accompagnent pour le café !
Nous passons plus d’une heure à capturer chaque couleur de ce merveilleux paysage ! C’est comme si le temps s’était arrêté et que nous voulions emmagasiner dans nos mémoires le plus d’images possible de cette endroit magique pour ne jamais l’oublier !

J4 : Antofagasta de la Sierra : 3372m
Nous reprenons malgré tout la route en direction du village d’Antofagasta. Seul hameau sur notre chemin, où nous pourrons trouver de l’essence, un peu d’eau et de nourriture.
Pendant que nous nous octroyons un peu d’off road dans le sable (on aime trop ça !), les Lions rejoignent la route (enfin ce qui y ressemble le plus).
A nouveau nous traversons d’incroyables paysages désertiques.
En fin de matinée, nous franchissons les portes de cette jolie oasis. Nous trouvons une petite table chez l’habitant pour notre pause déjeuner.
Nous avons repéré un petit lac à l’entrée du village où nous espérons passer la nuit. Avant de s’y rendre, nous refaisons quelques emplettes et achetons même du lama (tout droit sorti du frigo d’un habitant) pour le barbecue de demain. Enfin c’est Pierre qui s’y colle, moi rien que l’odeur quand on pénètre chez ce bon monsieur ne me dit rien qui vaille…

Pendant que les garçons vont explorer les environs, Sophie prend le commandement de son van et se met au volant, avec notre pilote de choc nous longeons la lagune au milieu des lamas ! Girl’s power !!
A 17h tout est déballé. Après un petit bain de boue involontaire à la recherche des tongs de Tom et Léo, le paddle est sur l’eau avec les petits lions à son bord et nous nous profitons des derniers rayons du soleil pour prendre une petite douche en plein air !
Malheureusement, à peine fini, nous nous faisons déloger par le gars de l’office de tourisme : impossible de dormir là, nous sommes sur une zone protégée… Il fait presque nuit, la négociation est peine perdue, nous devons tout remballer pour finir la soirée et passer la nuit derrière l’hôtel du village. L’endroit est payant et pas du tout idyllique mais en lot de consolation nous pouvons profiter des toilettes et des douches… (Si on avait su on aurait attendu un peu…).
J5 : Le Salar d’Antofalla : splendeur de la nature : 3332m
Au petit matin, nous reprenons les pistes. Cette fois nous progressons au milieu des rivières, des vigognes et des prairies verdoyantes.
Comme chaque jour, depuis notre départ, nous passons d’un paysage à un autre en un rien de temps, c’est spectaculaire !
Et c’est au détour d’un virage, en haut d’une colline que nous restons sans voix… Devant nous à perte de vue s’étend un salar d’une splendeur sans pareil ! Je ne saurais comment vous le décrire alors je vais laisser les photos parler d’elles-mêmes.

Le hameau d’Antofalla est niché dans la vallée, mais contrairement à la veille nous n’y passons pas de peur de nous faire remarquer et déloger à nouveau. Nous parcourons les 20 derniers kilomètres sur une piste en taules ondulées chaotiques pour atteindre Los Ojos del Campo.
Trois immenses bassins qui se dressent au milieu de nulle part, à 3300m, et nous offrent un joli spectacle vu du ciel !
Cette fois, nous attendons que le soleil se couche pour sortir tables, chaises et barbecue.
Au menu du soir : les ribs de lamas achetés la veille, merci Pierre, ce fut une première pour nous et un délice ! La prochaine fois je serais moins peureuse ! Après ce festin, nous nous abritons derrière le van des Lions pour la nuit, le vent est encore de la partie.
J6 : El Cono de Arita y Tolar Grande : 3550m
Nous quittons ce merveilleux salar pour gravir un col à 4500m. La piste est belle mais rocailleuse, nous avançons lentement prenant bien garde à ne pas lacérer nos pneus sur les roches aiguisées. Et puis mine de rien nous sommes assez lourds et la pente est raide.

En redescendant dans la vallée, nous longeons d’immenses steppes d’un jaune éclatant.
Après de longues heures de route, nos estomac crient famine, il est temps de faire une pause déjeuner bien méritée à l’abri du vent.

Il nous reste encore pas mal de kilomètres à parcourir avant d’atteindre notre objectif du jour : Le Cono de Arita. Lorsque nous l’apercevons, nous n’en croyons pas nos yeux !
Une véritable pyramide se dresse au milieu d’un immense salar. Après avoir traversé : le Far West, la Jordanie, le Maroc, l’Islande, Pompéi, le Bush Australien, la steppe Africaine, nous voilà transportés en Egypte ! Cette route est incroyable !
Alors que nous sommes côte à côte sur la piste, fenêtres ouvertes pour décider de la route à prendre, de la fumée s’échappe sous les pieds de Pierre ! Au feu au feu ! En une seconde tout le monde est dehors, Sophie fait monter les enfants chez nous et sors l’extincteur.
Grâce à la rapidité de Pierre, la situation est vite maitrisée, sans dégâts notables. Et rien de grave à déplorer pour la voiture, juste un petit court-circuit dans le système électrique des vitres automatiques… OUF !
Quelle frayeur ! Nos bolides ont bien tenu jusqu’à maintenant ce n‘est pas vraiment le moment pour un dépannage d’urgence, surtout que malgré le beau paysage, l’endroit est loin d’être idéal pour rester cette nuit. Le vent souffle fort, le ciel est menaçant et il n’y a aucun abri à l’horizon.
(Bon ok sur les photos c'est pas très parlant...)
Remis de nos émotions, nous terminons notre shooting photo et filons vers Tolar Grande. La ville est encore loin et la piste est en mauvaise état mais pas le choix, nous devons trouver rapidement un abri potable pour la nuit. Pierre et Thibault mettent le Turbo :-) (Je vous ai déjà dit que Tom appelle Thibault comme ça ?) et pilotent comme des chefs évitant les trous béants qui sillonnent la piste ! Nous faisons même un arrêt pour dépanner des locaux ayant crevés sur le bord de la route.
Peu avant le coucher du soleil nous franchissons les portes de la ville, la lumière se reflète sur les magnifiques collines de sables, nous sommes tous épuisés et soulagés !
Mais la ville est pauvre et peu équipée, après avoir arpenté les rues, et demandé aux habitants un endroit où dormir, nous nous rendons à l’évidence : nous allons devoir dormir dans la rue.

Nous décidons de nous garer près de l’église, l’endroit est calme et peu fréquenté, ça fera l’affaire. Nous nous octroyons un petit diner au troqué des mineurs du coin pour nous remettre de nos émotions et filons au chaud pour un dodo bien mérité !
J7 : El desierto Del Diablo
Au réveil c’est le check up voiture. Pierre passe la matinée à réparer son problème électrique ainsi que la barre de direction. De notre côté, voilà l’état des lieux : un pneu lacéré, une panne de transformateur 220V : il a grillé, le compresseur qui ne veut plus fonctionner, et ce fameux klaxon qui refait des siennes…
Bref, rien de grave mais encore quelques réparations en perspective ! Tant pis, la route en valait la peine !
Avec tout ça, nous décollons un peu tard et les gars ne se sont pas vraiment reposés. Nous avions prévu une grosse journée de route mais au fil des kilomètres nous réalisons que cela ne sera pas possible.

Nous nous arrêtons donc au détour d’un virage entre deux canyons au Salar del Diablo. Ce spot à 3800m nous promet une nuit froide mais tant pis, le décor est beau et nous avons déjà repéré un joli point de vue pour l’apéro !
Nous garons nos vans le long du canyon pour éviter la prise au vent et sortons les tapas !
Notre dernière soirée sur cette route incroyable est à la hauteur de nos espérances ! Coucher de soleil splendide verre de vin à la main, fous rires, soirée pâtes et jeu de dés endiablés dans le van des copains (chauffage en marche !) ! Nous ne sommes pas à plaindre !
J8 : Salta : retour à la civilisation
Au réveil, nous grimpons prendre un bon café face au salar, le soleil arrive et réchauffe doucement nos visages !
Pour les extrémités pas de souci, c’est danse partie sur les rochers pour un petit shooting avec le drone ! De quoi dérouiller tout ça :-) !

Puis il est temps de plier bagage et de reprendre la route. Pendant un bon moment nous retrouvons notre ambiance Far West et plongeons dans d’étroits canyons où la terre rouge et la poussière finissent d’embellir nos carrosseries !
Puis nous traversons le Salar de Pocitos : un avant-goût d’Uyuni ?
Après avoir fini en beauté cette semaine de nature à l’état pur, vient le moment de rejoindre la civilisation mais surtout d’enchainer les kilomètres !
La route est longue, le ripio est insupportable et achève notre toit qui avait pourtant bien tenu le coup jusque-là… A 16h, éreintés, nous arrivons à San Antonio de Los Cobres. Mais contre toute attente, la route est loin d’être finie. La ville est triste, lugubre et peu accueillante. Nous décidons d’un commun accord de filer jusqu’à Salta, tant pis si la nuit tombe, nous voulons être au camping ce soir pour souffler. Après 3 heures de zigzag dans les montagnes, nous voyons les lumières de ville ! Ouf ! Nous sommes peu contents de retrouver la pollution et la circulation effrénée des rues mais nous allons enfin pouvoir nous reposer. Nous arrivons de nuit et épuisés au camping.
Cette fois ça y’est notre aventure dans le Puna est belle est bien terminée !
On en gardera un souvenir fou c’est sûr !
Impossible de ne pas repenser à cette épopée folle sans avoir un sourire aux lèvres et des étoiles pleins les yeux ! Et puis quelque part au milieu du paradis nous avons scellé une belle amitié avec une famille de Lions déjantée !

Si ça vous donne envie et qu’un jour vous passez en Argentine, surtout prenez les chemins de traverse et filez voir cette route splendide où tout semble possible… et surtout le meilleur !
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