Notre aventure Péruvienne va démarrer sur les chapeaux de roues ! Aujourd’hui, mercredi 8 mai 2019, nous allons vivre une journée forte en émotions ! Mais lorsque nous prenons la route de la frontière nous ne le savons pas encore…
Il est 9h, quand nous atteignons la frontière près de Copacabana. Comme nous commençons à être rodés, nous avons tout préparer. Tout sauf… l’assurance de la voiture que nous ne pouvons pas acheter avant la prochaine ville sur le territoire Péruvien : Puno, qui se situe à 200km du poste de frontière. D’après de nombreux voyageurs croisés en route, cela ne pose pas de problème… Sauf si comme nous, vous tombez sur un douanier corrompu :-(. Eh oui, pour la première fois de notre périple, nous allons être confrontés à ce genre de personnage (et malheureusement ce ne sera pas la seule fois).
Bref, alors que tout est en règle, le douanier insiste pour que nous ayons une assurance pour le véhicule avant de passer la frontière, et immobilise notre 4x4. Et comme il ne veut rien entendre, Thib prend un tuk tuk local et part à la recherche d’une tienda vendant des assurances (c’est assez commun par ici). Après 2h30 d’attente et de nombreuses discussions nous pouvons enfin passer. Ce qui n’est pas le cas des nouveaux arrivants, qui eux sortent du Pérou mais se heurtent au même bonhomme. Ne parlant pas un mot d’espagnol, ils viennent nous chercher à la rescousse ! Comme ils sortent du Pérou, il n’y a aucune raison qu’ils y souscrivent une assurance (ils ont une voiture de location) juste pour passer les 50m de la frontière ! Mais notre douanier fait du zèle. Alors Thib se charge tant bien que mal de la négociation, jusqu’au moment où le gars nous fait bien comprendre que sans un peu de sous dans sa poche, ils ne passeront pas. Alors qu’ils acceptent et sortent un billet, le douanier hurle et leur demande de faire cet échange hors caméras… Ben voyons !
Plus de temps à perdre, il est déjà 12h30 et nous avons pas mal de route à faire.
En Bolivie, le prix du gasoil n’est pas le même pour tout le monde. En effet, dans les stations-services, ils appliquent aux étrangers un prix 3 fois supérieur au prix local. L’essence étant le tiers de notre budget, nous ne pouvons pas nous permettre de la payer trop cher. Pour cela, l’astuce est de venir à pied à la station et d’entamer des négociations avec le pompiste. Soit vous êtes vraiment chanceux et il accepte de vous faire le plein directement dans le réservoir au prix local, soit non. Pour mettre toutes les chances de notre côté, nous avions acheté un bidon de 25 litres. Certains acceptent mieux sous cette forme. Nous avons donc dû parfois remplir notre réservoir de 120L avec un bidon de 25… Bref une telle entreprise peut prendre du temps !
Mais maintenant que nous sommes au Pérou, ce bidon encombrant et puant ne nous sert plus à grand-chose. Nous espérons secrètement croiser quelques voyageurs sur la route qui passeraient en Bolivie et en auraient besoin. Pendant que nous discutons de cela, paf ! Juste en face de nous arrive un van… et c’est Vincent et Annelise, un couple d’Hollandais que nous avions rencontré sur la carretera austral ! Excellent ! Nous nous garons sur le bas-côté et sourions de ces retrouvailles impromptues ! Nous refaisons le monde et apprenons vite qu’ils cherchent une voiture pour partager leur container à destination de l’Afrique du Sud mi-août. (Il faut savoir qu’initialement, notre souhait était de parcourir l’Amérique du Sud puis l’Afrique du Sud. Plan vite annulé au vu du prix du bateau).
Alors là tout part en vrille, nous bouleversons tous nos plans et en moins de 2 minutes imaginons la suite de notre aventure au cœur de la Namibie, le Bostwana, entourés de lions, de girafes et d’éléphants… Lui est chirurgien et me parle même de travailler là-bas sans problème… AAaaaaah ! Nous leur promettons d’y réfléchir et reprenons la route avec deux mots à la bouche : Et si….
Nous n’avons pas pu leur donner notre bidon mais repartons avec des rêves plein la tête ! Nous nous amusons à imaginer la suite, aux aventures incroyables qui nous attendent, nous rêvons d’une autre vie là-bas… Pendant quelques jours encore, ce projet va nous faire rêver, nous bousculer, nous tirailler… Mais notre plus grand frein l’emportera : le budget !
De plus, pour atteindre l’Uruguay et le transport en container avant mi-août, il nous faudrait au moins un bon mois de redescente ce qui exclurait de notre programme la Colombie +/- l’Equateur… Et nous en avons tant entendu parlé ! Une fois mis à plat toutes les possibilités, nous décidons de poursuivre notre belle aventure sur le continent Sud-Américain.
Et nous nous consolons en imaginant notre futur voyage au cœur des terres Africaines !!
En atteignant Puno, où nous avions prévu de passer la nuit, nous apercevons, sur le bord de la route, pouces en l’air : Julie et Max (les deux français rencontrés sur le lac Titicaca). Bien que nous ne connaissions pas trop les règlementations en vigueur concernant la conduite ici, d’un commun accord, nous décidons de prendre le risque et faisons monter à bord nos deux amis ! Ils s’entassent sur la banquette arrière et nos plans changent… A présent nous espérons rejoindre Arequipa avant la nuit, ils y sont attendus pour un coachsurfing.
S’en suit une longue route, où les kilomètres défilent et les discussions vont bon train ! Musique à fond (merci Julie pour ta playlist qui change de nos morceaux revus en boucle !), nous passons un super moment !
Nous sommes un peu moins sereins quand le premier contrôle de police se dresse à l’horizon… Mais ça passe nickel !
Nous serons contrôlés à 5 reprises sur cette même journée et passerons sans aucun problème ! Tant mieux, nous soufflons un peu.
Vers 20h, alors que la nuit est déjà tombée, il nous reste encore 200km… Nous décidons de faire une pause dans un petit restaurant routier à 4000m dans le brouillard, pour apprécier notre premier menu local : soupe de poulet et pommes de terre puis riz, haricot, poulet et salade. Pas très équilibré mais ça a le mérite de plâtrer nos estomacs jusqu’au lendemain !
La suite du trajet est éprouvante et même flippante ! La route forme d’énormes lacets où les camions se multiplient et doublent en plein virage sans aucune visibilité ! A plusieurs reprises, nous nous retrouvons face à deux camions en pleins phares côte à côte sur notre voie, nous obligeant à grand coup de klaxon à nous déporter in extremis ! Heureusement qu’il existe un fossé avant le ravin, et que Thibault garde des bons réflexes !! Nous avons connu pas mal de routes dangereuses depuis le début du voyage mais les Péruviens remportent la palme des plus mauvais chauffeurs !!
Il est 22h quand nous franchissons les portes d’Arequipa et nous sommes clairement soulagés d’être en vie !!
Mais la soirée n’est pas terminée, nous déposons nos deux passagers et passons plus d’une heure à trouver un lieu équipé d’un parking où passer la nuit. Nous finissons finalement dans un camping au bord d’une grande route et négocions une place un peu plus au calme à l’arrière de la bâtisse.
Épuisés, nous ne ferons pas long feu. Thibault passera sa nuit à sursauter, pris de spasmes dans son sommeil en mimant des grands coups de freins ! On est loin du repos salvateur !
Au réveil, nous allons découvrir avec bonheur, une ville radieuse, calme et passionnante où il fait bon vivre !
Avant même de partir à sa découverte, nous faisons un tas de nouvelles rencontres ! En effet, nous nous sommes arrêtés sans le savoir sur LE spot de tous les voyageurs en van ! Nous prenons donc notre café en discutant avec Lauriane (Colombienne) et Thomas (Français), puis avec Vincent et Julie (qui vivent en Guyane) et Rose, Bertille et Ruben leurs trois enfants, et pleins d’autres encore avec qui les discussions sur le voyage vont bon train ! Quel bonheur de partager nos expériences et nos bons plans ! Certains montent vers la Colombie, d’autres descendent vers le Chili. Et tout le monde à des milliers de choses à se raconter !
Nous parlons tellement que la matinée passe à une vitesse folle. Mais il est grand temps d’enfin partir à la découverte de cette jolie ville.
Et quoi de mieux qu’un Arequipeño pour vous la faire découvrir ! C’est Mario (l’hôte de Max et Julie) qui vit ici depuis de nombreuses années, qui va nous emmener arpenter ses rues. Nous faisons un premier stop à la laverie pour nous délester de nos 8kg de fringues et nous filons les rejoindre dans un petit restaurant local.
Après avoir savourer un bon « chicharron de chancho » nous trottinons jusqu’au grand marché en vue de prendre le dessert typique du coin : le queso helado. Contre toute attente, ce n’est pas de la glace au fromage mais de la glace à base de lait, et c’est délicieux !
Nous découvrons ensuite le cœur historique de la ville avec la magnifique place des armes, et passons devant de nombreuses églises dont l’architecture est bluffante ! Tout cela sur un fond de chaine de volcans enneigés, on s’y sent bien !
Nous remercions chaudement notre guide et filons prendre une douche car le programme de la soirée est chargé : apéro avec Lauriane et Thomas qui nous font gouter un délicieux Pisco sour au maracuja, puis restaurant gastronomique avec Max et Julie pour se délecter d’un ceviche haute gamme (dont petit bonus à base d'oursins !).
Même si nous n’apprécions pas du tout l’orgueil démesuré du chef cuistot qui se fait prendre en photos sous toutes les coutures dans sa cuisine, et qui nous harcèle pour prendre les plats les plus chers, nous pouvons avouer que le diner est savoureux. Nous avons même un goût de trop peu ! Nous finissons cette superbe soirée… à la boulangerie du coin, friands de petits flans, ou viennoiseries au chocolat en tout genre :-) !
Curieux d’en savoir plus sur la ville et ses habitants, nous participons dès le lendemain à un « free walking tour ». Le plan idéal pour apprendre plein de choses en se baladant dans les rues animées de la ville. Et nous sommes chanceux puisque Carlos notre guide est passionnant ! Il est aussi très drôle, parle 5 langues et connait chaque recoin de sa ville ! Il a toujours une anecdote à nous raconter !
En l’espace de 4h, il nous fait voyager à travers le temps, nous emmène dans des coins magnifiques, nous conseille sur les restaurant les plus authentiques (las picanterias ) et nous dresse même la liste de tous les plats locaux à ne pas rater !
Nous passons 4h captivantes ! Suite à ses conseils, nous trouvons même un petit coin où déjeuner, et nous nous régalons d’une fabuleuse « chupe de camarones » !
Le reste de la journée est plus calme, Thibault passe chez le coiffeur pour une petite coupe de printemps pendant que je m’offre une manucure et fais la connaissance de Julia, une vénézuélienne, qui a fui son pays en crise avec sa fille et son mari, laissant sur place son fils et le reste de sa famille… Je profite de ses doigts de fée tout en papotant avec elle. C’est son gagne-pain depuis qu’elle est ici. Les larmes lui montent aux yeux lorsqu’elle me parle de son beau pays. Il ne m’en faut pas beaucoup plus pour comprendre son calvaire. Situation dramatique à laquelle nous allons clairement être sensibilisés pendant la suite du voyage…
De retour au camping, tout beaux, tout propre :-), Thib profite d’une super séance d’ostéopathie (merci Julie !) pour soulager ses contractures dorsales causées par la conduite (un peu stressante) des dernières semaines. Nous terminons cette belle journée par un petit verre avec Lauriane et Thomas et filons nous coucher.
Au réveil, le ciel est d’un bleu éclatant !
Nous retrouvons Julie pour visiter le magnifique couvent Santa Catalina. Il hébergeait 450 religieuses, qui n’avaient aucun contact avec le monde extérieur jusqu’en 1970. Il est si grand qu’il ressemble à une petite ville avec ses ruelles colorées et ses jardins.
Et en même temps, chaque pièce inspire au calme et au recueillement. C’est une belle découverte !
Nous retrouvons Max et flânons tout le reste de la journée dans les rues avant de siroter un ultime pisco sour ensemble. Demain nos chemins se séparent, et pour de bon cette fois. Nos amis partent pour Lima et nous reprenons la route vers le nord.
Au total, nous aurons passé 4 jours à arpenter cette ville. 4 jours où histoire, architecture, paysages et mets savoureux s'emmêlent pour créer une harmonie fantastique dont il est difficile de se lasser. 4 jours où nous découvrons pour la première fois, et avec bonheur, la culture Péruvienne. 4 jours et nous sommes déjà conquis par l’accueil et le sourire omniprésent des Péruviens.
Arequipa est une ville où il fait bon vivre et pour nous une halte incontournable à découvrir !
