BOLIVIE : A l’assaut du Sud Lipez et du Salar d’Uyuni !!
- Sophie
- 16 juil. 2019
- 10 min de lecture

Après 4 mois sur les routes, nous partons à la découverte de notre 3ème Pays en Amérique du Sud. Et nous décidons d’attaquer fort puisque nous entrons en Bolivie par le Paso Hito Cajon qui nous donne directement accès au Sud Lipez : région très touristique, réputée pour ces paysages à couper le souffle mais également assez hostile.
L’altitude, le froid, le vent, le désert à perte de vue et l’absence de route goudronnée font de cette région un véritable challenge pour les baroudeurs en 4x4 comme nous. Mais nous sommes prêts et même impatients de nous y confronter !
Nous passons la frontière assez tôt dans la matinée. Côté Chilien c’est long et très procédurier, côté Bolivien c’est plutôt le bazar… Une petite cabane en bois, pas d’ordi, un coup de tampon et hop l’affaire est réglée. Pas de chance nous n’obtenons qu’un visa de 30 jours alors que ceux d’avant ont eu 90 jours… va comprendre.
Nous mettons en route le GPS et nous nous lançons sur une piste de ripio à peu près tracée. Le principe ici c’est : roule où tu peux mais fait attention à ne pas heurter un animal, une pierre ou même un 4x4 touristique qui roule à toute blinde et soulève un épais nuage de poussière… Premier stop pour déjeuner : la Laguna Verde.

Magnifique lac turquoise où nous dégustons notre sandwich avec maitre renard :-).
Puis nous atteignons un champ de geysers à 4958m : record d’altitude battu !
Les couleurs sont belles mais le vent souffle fort, et l’endroit est rempli de monde alors je prends quelques photos et je remonte à bord en vitesse.
Dernière étape de la journée : la Laguna Colorada : le clou du spectacle apparemment…
Pour l’atteindre nous empruntons des pistes vraiment très cabossées, parfois il n’y a plus de chemin où bien c’est impossible de poursuivre dessus car les taules ondulées sont si horribles que l’on ne peut pas dépasser les 12 km/h au risque de tout casser !
Beaucoup avant nous y ont laissé quelques plumes, et vu le no man’s land que nous traversons, difficile de trouver une dépanneuse en cas de besoin ! Pour notre part nous avons déjà passer pas mal de temps dans les garages alors nous roulons lentement mais surement.
Heureusement, parfois, nous trouvons une piste plus roulante, et Thib se met en mode
« pilote de rallye ». Nous esquivons chaque trou, chaque roche, et filons cheveux au vent et sable dans les dents vers notre ultime stop.

En route nous croisons de jolies piscines de sources chaudes mais les températures extérieures sont en baisse alors nous ne nous arrêtons pas, le choc thermique serait trop douloureux à la sortie ;-) !
Vers 16h nous découvrons avec bonheur cette magnifique Laguna Colorada nichée à 4308m. Nous en avons vu des tas depuis le début de notre voyage mais il est vrai que celle-ci est à part ! Des teintes de rose, de violet et d’orange à perte de vue, des centaines de flamants roses, et le coucher de soleil qui approche…

Nous restons des heures à nous balader et à capturer chaque couleur, chaque rayon de lumière sur ce sublime endroit !
Nous attendons le départ des derniers 4X4 privés de touristes et nous trouvons un petit emplacement pour la nuit face à ce décor grandiose.

Une fois la nuit tombée, il faut faire vite, nous avons était bien averti que les températures peuvent descendre jusqu’à -15°C facile et le vent y est fort. Nous ne levons pas le toit, faisons juste bouillir de l’eau pour une soupe et nous emmitouflons à l’intérieur sous nos gros plaids pour le diner et la nuit .
Et oui le chauffage ne marche pas au-dessus de 4000m à cause du manque d’oxygène ... :-(
Pas de sortie pipi possible, le moindre filet d’air qui pénètre dans l’habitacle risquerait de nous geler pour le reste de la nuit !
Finalement, nous sommes chanceux, au réveil, rien n’a réellement gelé et nous avons plutôt bien dormi.

Nous sommes même aux premières loges pour un joli levé de soleil sur la lagune.
Nous attendons que le soleil réchauffe un peu le moteur en prenant notre café puis nous plions bagage.
Alors que nous nous dirigeons sur la piste menant au célèbre « Arbol de Piedra », nous sommes stoppés par un barrage de fortune où les Boliviens nous réclament de l’argent soi-disant pour l’entretien des routes… Quelles routes ? Nous sommes bluffés par leur toupet !
Nous avons déjà payé un droit d’entrée plutôt élevé pour venir jusque-là, et de toute façon nous n’avons pas changé assez d’argent pour accepter leur requête. Nous tentons une négociation mais les esprits s’échauffent… Aucun compromis possible alors à regret nous faisons demi-tour.

Nous pourrions esquiver leur barrage et prendre une piste cachée un peu plus loin mais nous sommes excédés et nous n’avons pas très envie de nous mettre dans une mauvaise posture si un autre barrage est érigé plus loin, alors nous décidons dépités de faire l’impasse sur cette partie du désert.
Nous filons en sens inverse et rattrapons une autre piste pour faire la boucle dans l’autre sens. Néanmoins, nous n’échapperons pas au barrage plusieurs kilomètres après où cette fois nous devons laisser les quelques billets qu’il nous reste si nous voulons quitter la zone…
Nous roulons longtemps avant de sortir du désert et retrouver un peu de verdure.

Mais ça en valait la peine, puisque pour atteindre notre bivouac, les derniers kilomètres se font sur une piste très étroite au milieu d’un canyon avec petit passage de rivière et prairie verdoyante pleine de lamas à l’arrivée !
Une petite oasis perdue dans cette immensité désertique ! Qui l’aurait cru !
Nous savourons notre dernière soirée dans le Sud Lipez, abrités du vent et du froid, dans ce petit havre de paix… Un pur bonheur !

La route qui nous attend le lendemain est éprouvante, les taules ondulées sont toujours aussi horribles et s’étendent sur des kilomètres et des kilomètres nous faisant craindre à chaque instant de casser quelque chose. Nous tentons tant bien que mal de les esquiver mais les sentiers autour ne sont guère mieux.

Après plusieurs heures, nous sommes soulagés de franchir les portes d’Uyuni. Même s’il va falloir faire un gros check de la voiture pour s’assurer qu’il n’y a pas de grosse casse, à vue d’œil nous nous en sortons bien.
Sans même nous poser de question nous filons droit vers un spot Ioverlander « salle de bain » :-) ! Il en existe pas mal dans les villes en Bolivie, le principe est plutôt chouette pour nous, tu paies et tu peux prendre une douche chaude, et en général c’est assez propre. Comme nous n’avons pas pu sortir un seul orteil à l’air libre depuis 2 jours à cause du froid, nous sommes plus qu’heureux de nous débarrasser du sable et de changer de parfum :-) !
Une fois tout beau tout neuf, nous allons déjeuner dans un petit café de la ville et profitons du marché pour refaire quelques emplettes.
Mais vu la taille des fruits et des légumes il va falloir se restreindre sinon tout ne rentrera pas dans le frigo :-) !
La ville d’Uyuni n’est pas très belle, elle ressemble à certaines villes assez pauvres en Argentine : des maisons de plein pied, encore en construction, des rues en terre où errent des dizaines de chiens, des petites échoppes fourre-tout et des détritus…partout !
Seule différence, nous découvrons avec bonheur le joli style coloré des Boliviennes : jupes bouffantes assorties à de grandes chaussettes, et de longues tresses coiffées d’un beau chapeau ! En revanche impossible de les prendre en photos sans percevoir des éclairs dans leurs yeux…
Après avoir fait un petit tour d’horizon dans la ville et avoir effectué notre premier plongeon dans la culture Bolivienne, nous décidons de sortir de la ville pour trouver un bivouac. Non loin de là se trouve un vieux cimetière de train qui fera très bien l’affaire.

Nous arrivons juste à temps pour un très beau coucher de soleil sur ses carcasses de ferrailles rougies par les rayons. On se croirait dans un film de Far West hollywoodien !

Plus loin derrière, la pleine lune pointe le bout de son nez, et les boliviens enflamment une énorme croix sur l’immense colline face à notre bivouac. C'est la semaine sainte.
Alors que nous nous apprêtions à rentrer au chaud, Benjamin et Tiffany débarquent ! Nous avions prévu de les retrouver ici mais nous ne savions pas trop quand.
Pour ceux qui ne voient pas de qui je parle, c’est un couple de Luxembourgeois que nous avions rencontré à El Chalten en Argentine. Nous nous étions quittés navrés de ne pas pouvoir faire un trek de 4 jours ensemble à cause d’une météo trop capricieuse. Puis ils étaient venus nous remonter le moral à Villarica au Chili quand nous étions bloqués pour des réparations. Bref, nous sommes très heureux de les retrouver d’autant plus que nous avons décidé de nous lancer dès demain, ensemble, sur le Salar d’Uyuni !

Nous enfilons nos polaires et passons la soirée dehors à nous compter nos dernières aventures au clair de la pleine lune.
VAMOS ! SALAR D’UYUNI :
Pour beaucoup de voyageurs en Amérique du sud, le Salar d’Uyuni est une étape incontournable ! En préparant cette aventure, nous avons parcourus tellement de blog, vu tellement de photos de cette immense étendue de sel que nous rêvions de nous y rendre un jour… Et aujourd’hui ce rêve devient réalité !
Mais avant de pouvoir sentir le sel craquer sous nos roues, une grosse préparation de la voiture est nécessaire. Notre voiture n’étant pas de toute première jeunesse, la rouille peut s’installer très vite !
Nous démarrons donc la journée par un nettoyage complet du bas de caisse puis pulvérisation d’une bonne couche d’huile de vidange pour le protéger. Ben et Tiff font de même.
Pendant le déjeuner, nous finissons de préparer notre itinéraire lorsque surgissent Camille et Martin, les « Saoute on wheels ». Nous les avions raté dans le sud Lipez et sommes heureux de les rencontrer enfin !

Ils voyagent avec un Toyota et une tente de toit et sont également sponsorisés par Euro4x4parts. C’est grâce à leur site que nous sommes en contact.
Comme il est temps pour nous de filer sur le salar, nous nous donnons rendez-vous à Sucre dans quelques jours.

Allez c’est parti, cap sur l’entrée du salar !!!! Et ça démarre bien ! Des flaques immenses recouvrent les abords du salar.
La saison des pluies se terminant tout juste, quelques endroits sont encore inondés, ce qui demande beaucoup de prudence pour éviter de rester englués !

Nous faisons un premier stop au mythique monument du Dakar puis partons en direction de la Isla Incahuasi (ou ile aux cactus).
L’immensité blanche est à nous ! Nous filons à toute vitesse, pris d’un sentiment de liberté intense ! Quelle beauté !
Nous avançons droit vers la ligne d’horizon sans aucun obstacle, seul le son du sel craquant sous nos roues rythme notre avancée. Derrière nous se dessinent les traces blanches de nos roues sur cette étendue de sel immaculé !
Malgré l’euphorie ambiante, nous restons prudents et gardons le cap grâce à notre GPS. Sans repère, il est très facile de se perdre ici.
« Terre, terre ! » Après plus de 60km nous atteignons l’ile. Le soleil va bientôt se coucher et tous les tours opérateurs sont là pour ne rien rater ! Nous contournons l’attroupement et trouvons un petit coin tranquille pour admirer notre premier coucher de soleil sur le salar !

On ne nous a pas menti, c’est une véritable splendeur ! Encore un de ces instants magiques gravés à jamais dans nos mémoires !

Pendant que nous sortons l’apéro, Ben me défie même pour une partie de pétanque sur le sel ! Mais une fois seuls dans la nuit noire, nous sommes vite rattrapés par le froid.
Nous terminons cette petite soirée, couverture sur les genoux puis filons nous coucher.
Petit coup dur pour Ben et Tiff qui ressortent quelques minutes après trempés…leur bouillote a craqué…
Réveillés à l’aube, nous décalons nos voitures de quelques mètres pour admirer le soleil se lever.

Je suis encore à moitié endormie quand j’ouvre un œil sur ce magnifique décor. « Ah mais je n’ai pas rêvé, nous venons vraiment de dormir sur le plus grand salar du monde ! ».
La prise de conscience est grande, nous sommes à l’autre bout du monde, loin de tout ce qui nous tient à cœur et pourtant à cet instant précis je nage en plein bonheur ! Si chaque réveil pouvait ressembler à ça…
Voilà un beau retour à l’essentiel ! Alors nous prenons tous le temps de savourer cet instant…
Une fois le petit déjeuner terminé, la vaisselle faite, et après avoir pris soin de bien nous tartiner de crème solaire, nous transformons le décor en véritable studio photos !!
Tout y passe : la cafetière, la canne à pêche, mes chaussures, la casserole, le ukulélé (il faut bien qu’il serve :-))…

Et nous ne manquons pas d’imagination pour faire jouer les perspectives !
Non loin de là, sur une autre ile, se dresse l’imposant volcan Tunupa. Nous n’avions pas prévu de rejoindre la terre ferme si vite mais Ben et Tiff sont chauds patates pour faire l’ascension alors nous nous laissons convaincre et mettons le cap sur ce géant !

Malheureusement impossible d’atteindre le cratère sans guide, malgré une tentative de négociation infructueuse, nous nous acquittons tout de même du droit de passage (ils ne sont pas fous les Boliviens, tout a un prix !) et décidons de monter au moins jusqu’à la crête pour admirer le coucher du soleil sur le salar d’un peu plus haut.
Nous remontons une petite piste avec nos bolides pour atteindre le point de départ de la randonnée.
Avant d’entamer la montée, nous faisons une petite visite des grottes où dorment paisiblement des momies depuis des milliers d’années. Assez glauque en fait…
Puis c’est parti pour 2h de montée raide.
Mais l’objectif de voir le cratère ayant disparu, et étant à plus de 3000m, nous sommes vite essoufflés et plutôt démotivés. En plus le soleil décline et pas du bon côté… tant pis nous faisons le choix d’écourter la balade et redescendons vite pour profiter des derniers rayons sur le salar encore noyé sous une immense étendue d’eau à cet endroit-là.

Aucun regrets, l’eau crée un véritable miroir où se reflète les dernières lueurs du jour. Nous en prenons plein les yeux !!
Nous avons les pieds trempés et salés mais heureux d’avoir pu saisir un aussi beau moment !

Nous posons notre bivouac au milieu de nulle part, pour notre deuxième soirée sur le salar. Soirée qui va vite être écourtée par le vent violent qui finit par arracher la bâche de protection que nous avions tendu pour nous protéger afin de pouvoir diner dehors. Tant pis, nous finissons le repas chacun chez soi à l’abri.
Pour notre troisième et dernier jour sur le salar, nous nous réveillons très tôt pour ne rien rater du spectacle ! Et c’est au chaud dans nos sacs de couchage, face à notre grande fenêtre que nous voyons le soleil apparaitre… On ne s’en lasse pas !
Et pour marquer le coup, je me lance dans la préparation d’une pâte à pancake. Comme ça il y a de quoi rassasier nos cœurs…et nos corps :-) !

Encore quelques instants de sérénité et de bonheur sur cette merveille de la nature ...

puis nous reprenons la route...

Nous prenons encore quelques photos, visitons un très bel hôtel de sel puis remettons le cap sur la ville, puis le garage pour un nettoyage complet !
Vous l’aurez compris, nos 3 jours sur le salar d’Uyuni figurent parmi les plus beaux de ce voyage. Mais toute bonne chose a une fin et il est temps pour nous de partir à la découverte du reste de ce pays plutôt prometteur !

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